Inventé il y a huit ans en Allemagne par deux anciens athlètes de haut niveau, l'Hyrox a investi de vendredi à dimanche le Grand Palais à Paris où plus de 10.000 adeptes sont appelés à participer à cette compétition exigeante, mélange de force et d'endurance.
L'Hyrox, mot-valise associant les termes hybride et rockstar, combine la course à pied traditionnelle avec deux types d'exercice: ceux de musculation (pas en avant avec charges, lancers et déplacements d'objets) et de cardio à haute intensité (rameurs, burpees...).
Lieu de plusieurs épreuves des JO de Paris, le Grand Palais est redevenu le temps d'un week-end une arène pour fondus de sport, achevant le plus souvent à bout de souffle et trempés de sueur un parcours du combattant ultramoderne.
"Le cadre est fou ! On a le Grand Palais pour nous comme les escrimeurs l'été dernier", apprécie Valentine, 29 ans et professeur d'EPS en région parisienne, quelques minutes avant de s'élancer pour son premier Hyrox en duo, avec son conjoint triathlète.
De grands rayons de soleil transpercent la verrière du célèbre bâtiment, éclairant des installations aussi excitantes qu'intimidantes pour les néophytes: piste de course, traîneaux lestés à pousser et tirer, sacs de sable de 20 kilos, rameurs dernier cri.
- "Un peu de torture, beaucoup de fun" -
"C'est un peu de torture, mais surtout beaucoup de fun", lâche exténué et ravi Maxime, étudiant de 22 ans, tout juste sorti de l'ultime épreuve de la compétition, le "wall ball", qui consiste à lancer cent fois une balle de 6 kilos sur une cible en hauteur.
Quatre-vingt-treize courses sont prévues dans le monde en 2025. Elles affichent toutes complet ou presque des mois à l'avance, malgré un prix d'inscription relativement élevé (entre 60 et 139 euros, selon les catégories pour l'événement du Grand Palais).
"On trouvait qu'il y avait un vide. Beaucoup de gens allaient à la salle et faisaient des entraînements, mais il n'existait pas de véritables courses de fitness où ils pouvaient mettre en pratique leurs efforts", explique à l'AFP l'Allemand Moritz Fürste, co-fondateur de la marque et triple médaillé olympique en hockey sur gazon.
Au programme d'un Hyrox, huit kilomètres de course, entrecoupés tous les mille mètres d'un exercice fonctionnel à terminer le plus rapidement possible, devant des juges qui s'assurent que les athlètes réalisent des gestes conformes au règlement.
"Nous n'avons pas réinventé la roue, nous avons assemblé huit entraînements, y avons ajouté du running et créé un sport compétitif à partir de tout ça ", détaille M. Fürste, qui estime que la difficulté de l'Hyrox vient avant tout de la longueur de l'épreuve.
- Haut niveau -
Les plus performants mettent environ une heure - le record du monde, détenu par l'Américain Hunter McIntyre, est de 53 minutes et 22 secondes -, tandis que les débutants espèreront terminer en moins de deux.
"Peu importe le temps que tu mets, d'ailleurs il n'y pas de limite, l'important c'est surtout de se dépasser, de faire du travail de force, d'endurance", détaille Joffrey Voisin, 43 ans et actuellement meilleur Français de cette discipline en plein essor.
Coach en salle depuis 20 ans à Paris, il s'est spécialisé depuis peu dans l'accompagnement de sportifs souhaitant participer aux Hyrox. "Au début, les gens me prenait pour un Ovni, mais maintenant on sent un vrai engouement", dit-il satisfait.
Au 19 avril 2025, 604 salles de sports affiliées en France proposent des sessions d'entraînement à l'Hyrox. Et en plus de donner des cours, Joffrey s'entraîne 15 à 20 heures par semaine pour espérer entrer dans le top 15 mondial cette année.
Ce classement offre une place pour les Championnats du monde en juin. "J'ai participé déjà trois fois aux finales. A chaque fois en passant la ligne, j'ai ressenti un gros relâchement, un sentiment de zénitude", décrit enthousiaste le recordman de France.
Il s'élancera en duo dimanche, sous les encouragements de milliers de spectateurs réunis le long des coursives du Grand Palais, décidément devenu depuis l'été dernier le lieu d'exploits sportifs à haute intensité.
I.Mertens--LCdB