Des stations-relais pour camions électriques, une solution pour décarboner le transport routier / Photo: FRANCOIS NASCIMBENI - AFP
Le premier "corridor décarboné" pour le transport routier de marchandises longue distance en France a été inauguré vendredi, un système dans lequel des camions électriques se relayent par tronçon, sur le modèle des relais de poste d'autrefois.
Après 16 mois d'expérimentation, ce projet porté par le gestionnaire autoroutier Sanef, l'énergéticien Engie et l'entreprise Ceva Logistics, entre en phase opérationnelle sur l'axe Avignon-Lille, soit 900 km.
Découpée en quatre segments autoroutiers, cette voie est équipée de cinq stations-relais, éloignées de 200 à 300 km: Avignon, Lyon, Dijon, Sommesous (Marne) et Lille.
Celle de l'aire de Sommesous, sur l'A26, est équipée de deux bornes dédiées à la recharge de camions électriques.
Quand un poids lourds arrive à la station, il détache sa remorque et la confie à un autre camion électrique prêt à partir pour le tronçon suivant du trajet. Après avoir rechargé ses batteries, le premier camion repart lui avec un nouveau chargement, dans le sens inverse.
"L'utilisation de camions électriques sur des segments autoroutiers d'environ 300 km permet de contourner les contraintes opérationnelles d'autonomie", soulignent les trois opérateurs.
Ce modèle promet aussi des "bénéfices environnementaux" ajoute Clémence Fischer, directrice générale chez Engie-Vianeo, filiale d'Engie qui déploie les bornes de recharges. "On réduit de 60% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à un transport diesel classique", explique-t-elle.
Et "comme on n'a pas besoin d'attendre que le camion charge, puisque la remorque va repartir directement, il y a 25% de temps en moins par rapport à un trajet d'un camion diesel qui doit s'arrêter, aussi pour des raisons réglementaires" sur les longs trajets, ajoute-t-elle.
Avec ce concept, le chauffeur "repart de là où il est parti (...), il rentre à la maison le soir", ce qui est "intéressant du point de vue social, d'autant que c'est une profession qui est assez tendue en termes de main-d'oeuvre", observe encore Mme Fischer.
Le déploiement de ce système à plus grande échelle "passera par l'électrification des flottes ainsi que le déploiement d'infrastructures de charge" sur d'autres grands axes routiers, selon les trois opérateurs, qui estiment que "l'accompagnement des pouvoirs publics sera alors nécessaire, notamment pour le financement des stations-relais".
K.Smeets--LCdB