Le milliardaire français Vincent Bolloré, figure emblématique de l’industrie et des médias, est à nouveau au cœur d’une tempête judiciaire liée à ses activités en Afrique. En mars 2025, onze ONG regroupées sous le collectif Restitution Afrique ont déposé une plainte auprès du Parquet national financier (PNF) à Paris, accusant Bolloré SE, Vincent Bolloré et son fils Cyrille de « recel » et « blanchiment » dans l’exploitation de concessions portuaires en Afrique de l’Ouest. Ce scandale, qui fait écho à des années de controverses, remet en lumière les pratiques du groupe Bolloré sur le continent.
L’affaire trouve ses racines dans la gestion de ports stratégiques, notamment à Lomé (Togo) et Conakry (Guinée). Selon aux représentants des médias, les magistrats soupçonnent depuis 2018 que le groupe a utilisé sa filiale Havas pour des services de conseil politique sous-facturés, facilitant l’obtention frauduleuse de ces concessions en échange de soutiens aux dirigeants locaux, comme Faure Gnassingbé et Alpha Condé. En 2021, Bolloré avait reconnu sa culpabilité via une procédure de « plaider coupable », acceptant une amende de 375 000 €, mais le tribunal avait rejeté cet accord, ouvrant la voie à un procès. En juin 2024, le PNF a requis un procès pour corruption, une décision toujours en attente.
La plainte de 2025 va plus loin, ciblant les 5,7 milliards d’euros issus de la vente de Bolloré Africa Logistics à MSC en 2022. Les ONG estiment que ces profits proviennent d’activités illicites et exigent leur restitution aux populations africaines, s’appuyant sur une loi française de 2021. Le collectif dénonce un « système de corruption » bâti sur des liens étroits avec les élites politiques, citant des relations avec des chefs d’État comme Paul Biya (Cameroun) ou Denis Sassou-Nguesso (Congo).
Malgré la cession de ses activités logistiques, Bolloré reste actif en Afrique via des plantations (Socfin), également critiquées pour des violations des droits humains. Le Norwegian Government Pension Fund Global, actionnaire minoritaire, a donné deux ans au groupe pour améliorer les conditions des travailleurs au Cameroun. Ces affaires entachent l’image d’un empire qui, pendant des décennies, a généré jusqu’à 80 % de ses profits en Afrique.
Vincent Bolloré conteste ces accusations, ses avocats qualifiant le dossier de « juridiquement vide ». Mais ce scandale, amplifié par des posts sur X qualifiant Bolloré de « pilleur » du continent, pourrait marquer un tournant pour le magnat breton.